Chronique
Les temps de désert peuvent devenir des prairies fleuries
L'automne, cette saison si particulière. Quand l’arbre accepte de perdre les plus belles feuilles de son corps. Acceptant de se mettre à nu pendant le froid de l’hiver. Attendant patiemment que la nouvelle saison arrive. Recommencer à fleurir, à redonner vie à des nouvelles feuilles et de simplement faire confiance, en vivant jour après jour.
Il y a des instants qui nous marquent à jamais. Des images qui restent, même quand tout s’efface. Des silences qui résonnent plus fort que les mots. Et des souvenirs qu’on ne pourra jamais vraiment oublier. On passe une partie de notre vie à tenter d’atteindre le sommet, à courir après quelque chose sans trop savoir quoi. Puis, un jour, face à l’aurore, on s’arrête. On regarde. Et on comprend que l’essentiel n’a jamais été au bout du chemin, mais dans la manière de le marcher. Mes yeux émerveillés par cette lumière, cette teinte imprévisible que le ciel nous offre, comme pour nous rappeler que la vie, malgré ses aspérités, reste un cadeau. Un souffle. Un or discret. En photographiant certains instants, ce ne sont pas seulement des paysages que l’on fige, mais des fragments de nous, de ce que l’on traverse, de ce que l’on est en train de devenir. Chaque cliché devient une mémoire. Pas seulement de ce qu’on a vu, mais de ce qu’on a ressenti. Et c’est peut-être là l’un des plus beaux pouvoirs de la photographie, nous rappeler que les saisons changent, que rien ne reste figé, et qu’il est toujours possible de se réinventer. Les temps de désert peuvent un jour devenir des prairies fleuries. Tes pleurs peuvent devenir des larmes de joie. Et ton cœur, dur comme la pierre, peut aussi redevenir un torrent d’amour. L’automne, cette saison si particulière, quand l’arbre accepte de perdre les plus belles feuilles de son corps. Quand il se dépouille, sans lutter, accueillant le froid, le vide, la pause. Il ne crie pas. Il ne résiste pas. Il attend. Confiant. Parce qu’il sait que le printemps reviendra. Il sait que ce qu’il laisse tomber aujourd’hui, permettra à autre chose de pousser demain. Peut-être que l’arbre nous enseigne la chose la plus essentielle savoir perdre, pour mieux refleurir. Recommencer, pas comme avant, mais avec plus de vérité, plus d’espace, plus de foi. Alors on avance, non pas dans l’urgence, mais dans la confiance. Jour après jour. Feuille après feuille.
Et parfois, ce n’est pas l’environnement qui doit changer, mais notre regard. On passe tellement de temps à attendre le moment parfait, le ciel dégagé, la bonne lumière, que l’on oublie que même les jours gris ont leur beauté. Il y a des saisons où l’on n’avance pas vite, mais on avance vrai. Où chaque pas demande du courage, parce qu’il ne s’agit plus d’impressionner, mais de rester fidèle à soi. Ce n’est pas toujours visible, mais à l’intérieur, quelque chose travaille. Une lente alchimie. On apprend à écouter autrement. À ne plus réagir de la même manière. À poser des choix avec plus de conscience. On ne guérit pas en s’agitant. On guérit souvent dans le silence, dans l’ombre, dans ces moments où l’on accepte de ne pas avoir toutes les réponses. C’est là que les fondations se posent. Dans l’invisible, dans la patience, dans la confiance. Revenir à soi, c’est parfois se perdre un peu. C’est redescendre, lâcher certaines illusions, faire de la place à ce qui est plus vrai. Ce qui semble être un détour est peut-être un recentrage. Ce qu’on pensait être une chute devient un réajustement. La terre, elle, ne panique pas quand l’hiver revient. Elle ralentit, elle se retire, elle prépare la suite. Et si nous apprenions, nous aussi, à écouter notre propre rythme, sans courir, sans nous comparer ? À faire moins, mais à faire juste. À s’autoriser à respirer là où on s’obligeait à performer. À reconstruire en profondeur, loin du regard des autres, mais plus proche de l’essentiel.
Et au cœur de tout ça, il y a ce besoin simple : être aligné. Pas parfait, pas irréprochable. Juste aligné. Être en accord avec ce qu’on ressent, ce qu’on pense, ce qu’on fait. Quand il y a trop d’écart entre ce qu’on montre et ce qu’on vit, quelque chose en nous s’essouffle. On s’agite, on s’adapte, on s’efface. On joue un rôle, parfois sans même s’en rendre compte. Mais au fond, on le sait. On sent qu’on n’est pas tout à fait là où on devrait être. Ce désalignement ne crie pas tout de suite. Il grince, doucement. Et puis un jour, il prend toute la place. Revenir au centre, ce n’est pas tout changer. C’est retrouver un point fixe à l’intérieur. Un socle. Une direction. Une manière de se tenir, de se parler, de marcher dans le monde. Ce travail ne se voit pas toujours. Il ne s’affiche pas. Il ne se mesure pas. Mais il transforme. Parce que lorsque l’intérieur est stable, le reste suit. On ne cherche plus à tout contrôler. On apprend à écouter. À laisser venir. À poser des actes simples mais justes. Et c’est là que tout devient plus clair. Non pas plus facile, mais plus vrai. C’est là qu’on commence à se sentir à notre place. Pas parce que tout est parfait autour. Mais parce que, enfin, on habite pleinement ce qui est là.
Et puis un jour, on ne cherche plus à prouver. On ne cherche plus à fuir. On se tient là, simplement. Présent à soi, présent au monde. Ce n’est pas spectaculaire. Ce n’est pas bruyant. Mais c’est réel. Ce qu’on a traversé, ce qu’on a lâché, ce qu’on a réappris tout ça vit en nous autrement. On ne parle plus avec les mêmes mots. On ne regarde plus avec les mêmes yeux. On ne marche plus avec les mêmes attentes. On avance plus lentement, mais plus droit. Il reste des doutes, des vents contraires, parfois même des silences qu’on ne sait pas encore nommer. Mais il y a aussi cette paix discrète, cette force douce, ce quelque chose d’intérieur qui tient. Et peut-être que c’est ça, finalement, habiter sa vie : ne plus chercher à devenir quelqu’un d’autre, mais se rappeler, chaque jour, qui on est déjà.
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